Allongement de la durée de cotisation et hypocrisie syndicale

Les syndicats sont opposés par principe à l’allongement de cotisation à 41 ans pour percevoir une retraite à taux plein. Alors que la situation démographique des caisses ne cesse de se dégrader et que l’espérance de vie a considérablement augmenté, ils revendiquent, sans état d’âme, le retour aux 37,5 années de cotisation.
Chiche ! Car, ce que les centrales syndicales se gardent bien de communiquer, c’est que le gros des bataillons qu’elles mobilisent (agents des transports publics, salariés d’EDF-GDF et fonctionnaires classés en catégorie « active ») est loin de travailler 40 ans ou même 37,5 ans.
Dans le secteur public, les régimes de retraite distribuent une multitude de « bonifications d’annuités ». Sans avoir à travailler, ni même à cotiser, les affiliés peuvent cumuler des années gratuitement.
. Chez EDF-GDF, la plupart des agents, selon la catégorie à laquelle ils appartiennent, bénéficient d’1 annuité gratuite tous les 6 ans, parfois même tous les 3 ans.
Les agents de la RATP ont 1 année supplémentaire tous les 5 ans et pour les conducteurs de train de la SNCF, c’est tous les 4 ans.
Certes, à partir de 2009, les nouveaux embauchés n’auront plus accès à ces généreux dispositifs mais ils seront remplacés par des comptes épargne-temps aux mêmes incidences. En attendant, ceux qui viennent de débuter leur carrière vont encore bénéficier d’années gratuites pendant plus de 30 ans.
. Dans la fonction publique, malgré les recommandations de la Cour des comptes, les bonifications d'annuités n'ont jamais été remises en cause. La loi Fillon ne les a même pas égratignées. A l'instar des conducteurs de train, les contrôleurs du ciel, ainsi que les agents de la pénitentiaire et de la police, bénéficient d'1 annuité supplémentaire tous les 5 ans. Mieux, dès qu'un fonctionnaire est affecté hors d'Europe et quelle que soit sa destination - Etats-Unis, Japon, Antilles etc. - il récupère, en plus de la majoration de ses revenus, 1 année gratuite tous les 2 ou 3 ans.
Et faut-il rappeler que les agents publics, parents de trois enfants, peuvent prendre leur retraite au bout de seulement 15 années d’activité ? Dans les faits, 15 % des fonctionnaires en profitent, ce qui très tôt leur permet d’entamer une seconde carrière et de cumuler les revenus de leur nouvel emploi avec une pension de retraite.
Dans ces conditions, la tragédie de l’allongement de la durée d’activité perd beaucoup de son intensité…
. Enfin, pour ceux qui ne profitent pas de ces règles particulières, il y a toujours la possibilité de se faire déclarer invalide pour éviter les dernières années de travail. L’astuce ne fait pas mystère au sein de la fonction publique territoriale où, chaque année, pas moins de 15 % des départs à la retraite le sont pour raison d’invalidité…
Au bout du compte, pour beaucoup de contestataires et de grévistes de tous poils, la carrière de 40 ans s’apparente plus à un mythe habilement entretenu qu’à la réalité. La durée effective des carrières dans les régimes spéciaux oscille plutôt, selon la Cour des comptes, entre 30 et 35 ans et certains affiliés passent parfois autant de temps en retraite qu’en activité.
Dans ces conditions, c’est un comble que ce soit parmi ces populations qu’il y ait le plus d’opposants à l’allongement de la durée du travail. Belle leçon de solidarité !

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