Retraite à 60 ans : un mythe pour la fonction publique!

Avant d’envisager de reculer l’âge de la retraite, l’Etat devrait balayer devant sa porte car  la moitié des agents publics partent, encore, bien avant 60 ans

Les annonces répétées, au sein du gouvernement, de reculer l’âge de départ à la retraite à 65 ans, voire même à 67 ans, n’ont pas manqué de susciter de vives réactions. Tout particulièrement dans les rangs des syndicats qui, pour autant, sont incapables de proposer d’autres alternatives qui tiennent la route à la crise du financement des retraites.
Ceci étant, dans le secteur public (où les syndicats sont très concentrés…), il est logique que ces déclarations aient créé un électrochoc. Rendez-vous compte… Aujourd’hui encore, pour 1,5 million d’agents, l’âge légal de la retraite n’est pas 60 ans mais plutôt 55 ans, quand ce n’est pas 50. La perspective de travailler 12 ou 17 ans de plus a tout de même de quoi les inquiéter !
Evidemment, si vous demandez à votre médecin ou à votre avocat si travailler jusqu’à 65 ans ou à 67 ans lui pose problème, sa réponse risque d’être amusée, puisque c’est déjà le cas ! En revanche, si vous posez la même question à un « cadre sup » de la SNCF (retraite à 55 ans…), c’est la crise d’angoisse assurée… C’est comme si vous lui demandiez de renoncer aux plus belles années de sa vie : adieu la seconde jeunesse, adieu les voyages au bout du monde et les sorties entre amis à trois heures de l’après-midi. En fait, vous lui demanderiez de renoncer à ses wagons de RTT ou de travailler plus de 35 heures par semaine, la couleuvre serait moins difficile à avaler.
Pour 1,5 million d’agents publics, l’âge de la retraite reste ainsi fixé à 55 ans ou à 50 ans c’est à peine croyable ! Cela implique simplement que, désormais, avec l’allongement de la durée de vie, ils vont passer autant de temps à la retraite qu’en activité ! Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les finances publiques soient dans le rouge (indépendamment de la crise que nous traversons…)
Estimation du nombre d’agents publics
qui peuvent partir à la retraite à 55 ans ou à 50 ans
Fonctionnaires
(Etat, collectivités locales, hôpitaux)
1 250 000
SNCF
163 015
RATP
37 575
Industries électriques et gazières
131 410
Total
1 582 000
Et, que l’on ne vienne pas nous raconter des histoires sur la prétendue « pénibilité » de ces métiers. Depuis quand le travail est-il plus dur dans le secteur public que dans le secteur privé ? Qu’est-ce qui justifie qu’une infirmière travaille jusqu’à 55 ans si elle est salariée de l’hôpital public, jusqu’à 60 ans si elle est salariée d’une clinique privée et jusqu’à 65 ans si elle est infirmière libérale?
Qu’est-ce qui justifie qu’un cadre de la SNCF ou un informaticien de la RATP cesse son activité à 55 ans alors qu’un ouvrier au smic qui travaille à la chaîne dans une entreprise privée doit trimer jusqu’à 60 ans. Rien, absolument rien !
Enfin, si l’on ajoute à cela que l’ouvrier à la chaîne paie la retraite du cadre de la SNCF et de l’informaticien de la RATP, via ses impôts (subventions budgétaires aux caisses SNCF et RATP) et via ses cotisations retraite (transferts financiers du régime général des salariés au régime de la SNCF) et, qu’au surplus, sa retraite sera bien moins avantageuse que celle des deux agents publics qu’il subventionne (à cotisation égale !), on peut mesurer à quel point le système de retraite français est inique et à quel point il est urgent de le réformer.
Conclusion : avant même d’envisager le recul de l’âge de la retraite à 65 ans ou à 67 ans, l’Etat doit impérativement mettre un terme aux situations abusives qu’il laisse impunément perdurer dans les administrations ou dans les entreprises dont il a la charge. Qu’on arrête de nous faire croire qu’on est tous logés à la même enseigne et que la retraite à 60 ans , c’est pour tout le monde. Loin s’en faut !!!

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