Pensions moyennes : l'écart public-privé se creuse

L’écart entre la pension moyenne d’un retraité du public et d’un retraité du privé a encore bondi de 15,8 % en un an. Une réalité soigneusement occultée par la DREES.

Chaque année, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie un panorama des retraites intitulé « Les Retraités et les Retraites ».

L’édition 2015 – qui présente les chiffres 2013 – confirme une fois encore une tendance lourde et systémique : l’augmentation de l’écart entre la pension moyenne des salariés du privé affiliés au régime dit général et les fonctionnaires d’Etat.

En 2013, pour une carrière complète en droits directs (hors réversion), les premiers bénéficient d’une pension moyenne de 1 760 € contre 2 510 € pour les seconds, soit un écart considérable, de 42,6 %. L’édition 2014 du rapport de la DREES avait relevé une différence de 36,8 % (1820 € contre 2490 €). En un an, l’écart a donc grandi de 5,8 points, soit une accentuation de 15,8 %.

Dans un communiqué de présentation de son étude, la DREES se garde bien de souligner ce qui constitue pourtant un fait majeur, symptomatique du caractère profondément inéquitable du système de retraite français. La DREES préfère notamment insister sur la réduction de l’écart entre les pensions moyennes des hommes et des femmes depuis 2004 (39,5 % contre 45,4 %, soit une baisse de 5,9 points).

Ainsi, quand l’écart public-privé se creuse de 5,8 points en seulement un an, la DREES préfère communiquer sur la réduction de l’écart homme-femme de 5,9 points en… 10 ans ! D’ailleurs, elle se garde bien d’inclure dans ses tableaux un comparatif avec l’année précédente en matière de pensions moyennes. Pour mesurer l’écart, il faut aller rechercher l’édition précédente…

Puisque la DREES s’intéresse au sort des femmes, elle serait bien inspirée de relever celui réservé aux femmes exploitantes agricoles ou artisans, qui bénéficient respectivement de 570 € et 620 € en moyenne. Ces femmes n’ont-elles pas cotisé autant, sinon plus, que les fonctionnaires ?

Comme chaque année, la DREES s’abstient donc soigneusement de mettre en lumière les données essentielles pour jeter un rideau de fumée sur le véritable scandale de notre système de retraite : son caractère profondément inéquitable demeure, et même s’accentue, malgré des réformes successives "vendues" sous le vocable trompeur de « justice sociale ».


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