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La baisse des rendements à l'Agirc-Arrco creuse l'écart public-privé

Le rendement des pensions servies par l’Agirc et l’Arrco va subir une forte baisse. Dans le secteur public, il reste garanti.

Les gestionnaires des régimes Arrco et Agric ont signé l’accord du 30 octobre 2015 (avec la bénédiction de l’Etat, véritable maître à bord des régimes de retraite complémentaire des salariés du privé) pour répondre à l’épuisement de leurs réserves, prévu pour 2018 et 2027.

La réforme, draconienne, prévoit notamment que :

- le rendement des cotisations sera abaissé à 6 % dès 2016

- la cotisation AGFF appliquée sur la tranche B de l’Agirc sera étendue à la tranche C.

- les cotisations augmenteront (hausse du taux d’appel en 2019)

- à partir de 2019, les affiliés à l’Agric et à l’Arrco qui liquideront leur pension à la date d’obtention du taux plain subiront un malus de 10 % par an pendant trois ans.


Toutes ces mesures frappent les actifs qui cotisent aujourd’hui à l’Arrco et à l’Agirc.
Deux autres concernent les retraités : le recul de six mois de la date de la revalorisation et la sous-indexation des pensions à un point en dessous de l’inflation pendant trois ans.


Moyennant ces sacrifices, tout va très bien Madame la marquise : au lendemain de la signature de l’accord, on nous assurait que les complémentaires étaient sauvées. Mais le Figaro du 5 avril vient de révéler le coût à venir de ce sauvetage.

Selon des simulations réalisées par le Conseil d’orientation des retraites (COR), il apparaît que par l’effet de la baisse du rendement, un cadre perdra 4,5 % de sa pension complémentaire s’il est né en 1959, et 8 % s’il appartient à la génération 1990.

En outre, ceux qui décideront de liquider leurs droits l’année de l’obtention du taux plein subiront le nouveau malus de 10 %. Dans ce cas, un cadre né en 1959 verra donc sa pension complémentaire baisser d’environ 14,5 % (10 % + 4,5 %) et ce taux s’élèvera à plus de 17 % pour un cadre né en 1990. Les salariés non cadres sont encore moins bien lotis : dans les mêmes conditions, la perte sera de 18 % pour ceux nés en 1990.


Toujours selon les simulations du COR, le rapport entre le dernier salaire et la première pension d’un salarié non-cadre (taux de remplacement) « serait susceptible de passer en dessous du seuil des deux tiers entre les générations 1965 et 1970 ».


Les syndicalistes gestionnaires arguent que sans ces mesures drastiques, les affiliés auraient été encore plus durement sanctionnés… Mais ils passent sous silence un détail gênant : une fois de plus, les salariés du privé sont les seuls touchés.


Ceux du secteur public, en revanche, continueront de bénéficier de pensions garanties par l’Etat à hauteur d’au moins 75% de leur traitement pour une carrière complète (calculé sur la moyenne des six derniers mois au lieu de l’ensemble de la carrière à l’Agirc et à l’Arrco).

Un million d’entre eux pourront liquider leurs droits à 57, voire 52 ans. Et ceux qui le feront à la date d’obtention du taux plein n’auront pas à redouter de malus.


Comme Sauvegarde Retraites l’a déjà signalé plusieurs fois dans ses publications, les effets de l’accord du 30 octobre 2015 vont donc encore accentuer la différence de traitement entre les retraités du privé et ceux du public. Sans émouvoir particulièrement les syndicalistes gestionnaires de l’Agirc et de l’Arrco, qui appartiennent à des organisations dont les adhérents et les cadres sont très majoritairement à la fonction publique ou aux entreprises publiques.
Rappelons que deux des cinq syndicalistes ayant négocié cet accord au nom des salariés du privé, Pascale Coton (CFTC) et Philippe Pihet (CGT-FO) étaient issus du secteur public.

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet.


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