Retraite - Le problème des retraites n'est ni politique, ni idéologique.
Sauvegarde retraite : des Citoyens qui Prennent leur Retraite en Main
 
Le problème des retraites n'est ni politique, ni idéologique. (28/07/2003)
 
Pour Gérard Maudrux, président de caisse de retraite, le problème des retraites n’est ni politique ni idéologique, il est purement lié à la répartition et à la démographie...
 
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Dans ma propre caisse de retraite, avec une cotisation moyenne de 10 000 euros, je verse une retraite moyenne de 30 000 euros. J’ai pour cela 4 actifs pour un retraité. Comme nous sommes en répartition pure, en appliquant ses principes rien n’est mis de côté et les cotisations servent à payer les retraites (la différence en ce qui concerne les retraites qui devraient être plus importantes avec 4 cotisants est due aux ponctions pour les régimes déficitaires au nom de la solidarité inter régimes, via la compensation nationale).

Dans une génération, lorsque l’étudiant d’aujourd’hui prendra sa retraite, nous aurons 1 cotisant pour 1 retraité. En restant en répartition pure, cela veut-il dire que pour continuer à servir la même retraite, il faudra multiplier la cotisation par quatre ? Les cotisants le pourront-ils, le voudront-ils ? Cela veut-il dire aussi que la retraite devra être divisée par quatre ? Même la situation médiane, doublement des cotisations pour une retraite divisée par deux est inacceptable.

Ces prévisions à 35-40 ans sont-elles justes ? La démographie est une science assez précise, elle consiste à prévoir que ceux qui ont 25 ans aujourd’hui en auront 65 dans 40 ans. Ceux qui seront à la retraite dans 40 ans sont déjà tous nés depuis très longtemps.

Ces prévisions à 35-40 ans sont-elles nécessaires ? Celui qui va s’installer aujourd’hui et que l’on va obliger à cotiser pendant 40 ans a le droit de savoir ce qu’il aura en échange, de quoi il vivra à la retraite pendant plus de vingt ans. Nous n’avons pas le droit de tricher sur ces informations.

Ailleurs les problèmes sont les mêmes. Dans toutes les professions, la démographie va tomber à un actif pour un retraité dans quarante ans. Pour le régime général, comptant plus de 20 millions d’actifs, ce rapport va passer de 2/1 à 1/1 en quarante ans.

Il y a aujourd’hui 125 000 nouveaux retraités chaque année en France (solde entre les départs à la retraite et les décès). En 2010, dans 8 ans, il y en aura quatre fois plus soit 500 000 nouveaux retraités par an. Où est l’argent pour les payer ? On n’a rien mis de côté et étant en déficit budgétaire chronique nous n’avons pas les moyens de le faire.

Pour les régimes spéciaux et de fonctionnaires, 50% des effectifs partent à la retraite avant 10 ans. Où est l’argent pour les payer ? On n’a rien mis de côté non plus.

Quand vont se situer les problèmes ? L’échéance de 2005 annoncée et connue depuis vingt ans est due à une cassure dans la courbe des nouveaux retraités chaque année, due au baby boom d’après guerre. Cette échéance est repoussée de 2 à 3 ans, Balladur ayant allongé la durée de cotisation de 2,5 ans. Ils prendront donc leur retraite entre 2006 et 2008, et pour aussi longtemps, l’espérance de vie ayant augmenté de 2,5 ans dans le même temps. Par cette mesure, le problème n’a pas été réglé, il a été déplacé.

Quels remèdes ?

Quelles sont les solutions pouvant permettre de faire face à cette catastrophe démographique ? Il n’y en a que sept :

- augmenter les cotisations,

- diminuer les retraites,

- allonger la durée des cotisations,

- modifier la démographie,

- compter sur la baisse du chômage,

- compter sur la croissance,

- capitaliser.

Nous allons les détailler les unes après les autres, et voir ce qu’il faut faire avec toujours le même objectif : maintenir les retraites à leur niveau actuel, en ne jouant que sur un seul facteur au début, étant bien entendu que différentes mesures peuvent être associées.

Pour les trois premiers points, les chiffres les plus récents sont donnés par le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites publié en mars 2002 (La Documentation Française) et sont résumés dans le tableau page 237 :

Baisse des retraites : si on ne fait rien, en quarante ans, la retraite tombe à 54% de son niveau actuel (correspond logiquement au passage de 2 cotisants/1 retraité, à un peu plus de 1/1).

Augmentation des cotisations : si on veut maintenir la retraite à son niveau actuel en jouant sur les cotisations, celles-ci doivent augmenter d’un montant de 15% du revenu. Actuellement la cotisation, régime de base + AGIRC-ARCCO est de 26% du revenu. L’augmentation est donc de 57%, passant de 26% à 26 + 15 = 41% du revenu. Il n’y a pas doublement en raison de l’intégration de la croissance du pouvoir d’achat que nous verrons plus loin.

Cette augmentation est-elle possible ? Nous avons déjà les charges sociales les plus élevées au monde, les augmenter entraînera encore plus de délocalisations, moins de cotisants. Pendant quarante ans on a joué sur ce seul facteur, il a quasiment atteint son plafond. Élargir l’assiette, changer les cotisations par un autre prélèvement revient au même, ce sera toujours un prélèvement sur le pouvoir d’achat, toutefois meilleur qu’un prélèvement sur le travail.

Allongement de la durée de cotisation : Si on veut par contre jouer sur le facteur allongement de la durée de cotisation pour maintenir les retraites au taux actuel, en plus des mesures Balladur, on obtient des retraites à 59% en augmentant d’un an, à 63% pour deux ans, à 70% pour quatre ans, 82% pour six ans. Pour revenir à 100% de la retraite actuelle il faut augmenter la durée de cotisations de... 9 ans ! Espérons que ces durées s’appliquent à l’âge de départ moyen à la retraite, soit 58 ans actuellement en France, mais pour obtenir ces moyennes, il faut 55 + 9 = 64 pour les régimes spéciaux ; 60 + 9 = 69 pour les salariés et 65 + 9 = 74 pour les indépendants ; l’idéal se situant à 58 + 9 = 67 pour tous.

Faisons remarquer que c’est en quelques sortes un retour aux sources, car dans les années 50, l’âge de départ à la retraite était de 65 ans, et l’espérance de vie de... 65 ans. La moitié des gens mourait avant la retraite, l’autre moitié pouvait alors la prendre, la répartition était alors équilibrée.

Ces mesures sont profondément injustes car retarder l’âge de départ à la retraite, c’est supprimer ou écourter la retraite de bon nombre de personnes, de plus celles qui auront été déjà moins gâtées par la nature que les autres. Il y a dans la vie des obèses, des diabétiques, des vasculaires, des cancéreux,... dont l’espérance de vie est inférieure. Faut-il supprimer leur retraite pour que d’autres en profitent ? Faut-il les obliger à cotiser toute leur vie pour une retraite à laquelle ils n’auront pas droit, ou si peu ? La réponse devrait être clairement non.

Solutions mixtes : Que donnent les simulations en mixant ces trois mesures ?

Au centre de la courbe, en faisant passer les cotisations de 26 à 30%, en allongeant la durée des cotisations de deux ans (en plus des 2,5 ans de Balladur), les retraites chutent quand même de 25%, qui viennent s’ajouter aux plus de 20% de baisse sur une carrière complète si on prend en compte l’ensemble des mesures Balladur. Certainement plus, nous le verrons plus loin avec la croissance.

Nous verrons que mixer ces mesures avec les suivantes n’améliore rien en ce qui concerne le chômage et la démographie, il y a aggravation si on tient compte de la croissance réelle, handicapant fortement le gain que pourrait apporter la capitalisation dans la répartition, de toutes manières temporaire et insuffisant.

Baisse du chômage : plus personne n’en parle, les rapports Charpin, Briet et suivants ayant montré que des simulations de chômage à 4% n’améliorent que très peu les résultats à 40 ans. On n’a d’ailleurs pas vu d’amélioration en passant de 12 à 9% de taux de chômage.

Démographie : combien faut-il faire d’enfants ou de quelle importance doit être l’immigration pour permettre le maintien de la retraite au niveau d’aujourd’hui ?

La réponse est simple : pour passer du rapport démographique de 1/1 à 2/1, il faut 25 millions de travailleurs en plus. Un travailleur allant en général avec une famille, c’est 60 millions d’individus qu’il faut, soit un doublement de la population de France en 40 ans. Et ce n’est pas suffisant car ce sont des cotisants et non des individus dont on a besoin. C’est donc 25 millions d’emplois qu’il faut créer en 40 ans, soit 600 000 chaque année pendant quarante ans de suite.

Ces chiffres sont très optimistes car la répartition n’est pas viable à moins de trois cotisants pour un retraité. Aujourd’hui les cotisations représentent 1/3 des prestations, ce qui est l’équilibre. Cet équilibre ne se situe pas à deux cotisants pour un retraité ; si aujourd’hui on vit à 2/1, c’est sur des promesses dont on sait très bien qu’elles ne seront pas tenues.

Avec 26% de cotisations, 3 cotisants peuvent financer une retraite de 78% du dernier revenu. Avec 2/1 et 26% de cotisations, à l’équilibre, la retraite ne peut en aucun cas être supérieure à 52%. A 1/1, la retraite se situe à 26% du dernier revenu.

Enfin doubler le nombre de cotisants double le nombre de futurs retraités et repousse le problème du financement de leur retraite... Le problème est sans fin et sans solution, les derniers seront quoi qu’il arrive les dindons de la farce.

La croissance : c’était l’objet du rapport Teulade, tendant à faire croire qu’avec une croissance de 3,5%/an tous les rapports sur les retraites étaient faux et sans valeur. Indépendamment du fait qu’on en est aujourd’hui à 1,5%, il a été fortement critiqué tant par la gauche que par la droite.

Aujourd’hui tous se chamaillent sur des chiffres allant de 1,5 à 2,5% voire 3% de croissance annuelle. La question est : combien de croissance faut-il pour équilibrer la répartition ?

Pour pouvoir augmenter le financement des retraites sans prendre d’une main ce que l’on redonne de l’autre, il faut que la croissance apporte des excédents budgétaires, sinon on s’appauvrit au lieu de s’enrichir.

Tout le monde sait que les prélèvements obligatoires sont de 45% du PIB. Un chiffre moins connu est celui des dépenses publiques (État, collectivités, entreprises publiques), qui est de 53%. Chaque année on dépense 8% de plus que ce qu’on produit. La différence c’est le déficit, les emprunts de l’Etat, des collectivités, des entreprises publiques qui ne font que croître. Tant que nous sommes en déficit nous nous appauvrissons sans le voir. Ces chiffres sont confirmés par l’Etat en dernière page de votre déclaration d’impôt de l’an dernier : recettes de l’Etat : 285,5 milliards, dépenses de l’Etat : 316 milliards. Il manque 30,5 milliards soit 10%.

La France est bientôt un pays pauvre. Ses richesses sont constituées de celles de l’Etat, des entreprises et des familles :

- pour ce qui est de l’Etat, il n’a que des dettes, presque 1 000 milliards d’Euros. Il a vendu tous ses actifs depuis 20 ans pour assurer les dépenses de fonctionnement et à part EDF et quelques participations dans des sociétés privatisées, il ne reste plus rien. Pour ce qui est du patrimoine foncier, Bercy avançait en 1997 le chiffre de 75 milliards d’euros.

- pour ce qui est des entreprises publiques, elles vendent également leurs actifs pour assurer les dépenses de fonctionnement comme l’armée ou la poste qui n’est plus propriétaire que de 25% de ses bureaux. La Caisse Maladie a vendu la totalité de son patrimoine immobilier depuis 1996 sans pour autant combler le déficit. La police a 30% de ses véhicules hors d’état, sans avoir les moyens de les renouveler ou de les entretenir. Etc. Une fois tous les actifs cédés, comment va-t-on combler le déficit et cacher ces dépenses supérieures aux recettes ? Le déficit réel de la France est en partie masqué par ces ventes, il est supérieur aux chiffres annoncés.

- pour ce qui est des entreprises privées, le virage a été pris il y a 3 ans, avec plus de 50% de participation étrangère pour les sociétés du CAC 40. Il y a longtemps que Total ou la Société Générale ne sont plus vraiment des sociétés françaises. Le problème s’accroît d’année en année, aggravé par les délocalisations, même les murs sont maintenant à l’étranger (et le siège social pour Renault !). Pour les petites entreprises familiales, elles sont progressivement vendues à des étrangers pour éviter le démantèlement à la succession et permettre la survie.

- pour ce qui est des familles, la consommation de produits étrangers masque le fait qu’il y a longtemps que nous ne sommes plus assez riches pour acheter ce que nous produisons. Le made in France devient des produits de luxe achetés par les étrangers. Alors que depuis le début des temps c’était les jeunes qui prenaient en charges les vieux, depuis 5 ans on constate que ce sont les retraités qui de plus en plus aident leurs enfants et petits enfants, qui ne peuvent plus vivre du fruit de leur travail et constituer de capital. Le patrimoine familial est consommé au lieu de croître.

Il y a 30 ans un bas salaire d’ouvrier permettait de faire vivre une famille avec 2 enfants. Aujourd’hui avec le Smic, c’est impossible sans aides diverses. Quant au bas de laine des français, 1 000 milliards d’euros, il est investi en presque totalité en obligations, dont 85% sont des émissions d’Etat, pour financer la dette. Les économies des français semblent investies dans un trou. Chaque foyer français a en moyenne près de 50 000 euros d’épargne, et 50 000 euros de dette (en plus des dettes personnelles), car l’Etat rembourse avec les impôts et autres prélèvements. L’Etat, c’est nous, il n’a pas d’autre argent que celui que nous lui donnons !

Conclusion : une croissance de 1,5 - 2 - 3% ne réglera aucun problème. En dessous de 8% de croissance annuelle nous continuons de nous appauvrir, à 8% nous équilibrons nos comptes, et au delà nous pouvons mettre de côté pour les retraites.

Il faut savoir que dans toutes les simulations des caisses de retraites, il est introduit une croissance de 1,7% du pouvoir d’achat, hors inflation. Cela peut paraître peu, mais ce chiffre est considérable : 1,7% par an en intérêts cumulés sur 40 ans, cela fait un doublement du pouvoir d’achat. En clair cela veut dire que si dans 40 ans nous sommes non pas deux fois plus riches qu’aujourd’hui, mais seulement aussi riches qu’aujourd’hui ce que nous souhaitons tous, il faut alors diviser tous les chiffres déjà pessimistes par 2 !

L’introduction de cette croissance de 1,7% par an permet de comprendre pourquoi en divisant pas 2 le rapport actifs/inactifs, la cotisation n’augmente que de 57% (passage de 26 à 41%) et ne double pas. Sans cet artifice, il y a doublement.

Signalons enfin que les derniers chiffres montrent une augmentation du pouvoir d’achat des salariés de 4% en 10 ans. Nous sommes très loin du compte, car à ce rythme, il n’y a pas quasi doublement en 40 ans, mais augmentation de 16%. Les prévisions sont à corriger d’autant, ce qui n’a pas été fait.

Capitalisation : Reste la capitalisation, ou la constitution de réserves, dont le produit permettrait de combler le déficit de la répartition.

On peut tout d’abord se demander sur le plan honnêteté intellectuelle comment on peut à la fois vanter les mérites du tout répartition, la prétendre viable, critiquer et refuser la capitalisation, et en même temps proposer de capitaliser pour sauver la répartition.

Mettons de côté ce débat pour analyser la proposition du gouvernement de constituer un fonds de réserve pour garantir les retraites. On nous promet un fonds de 1 000 milliards de francs pour 2020, soit 150 millions d’euros. La question, toujours la même, est la suivante : de combien doit être ce fonds pour maintenir la retraite au niveau actuel ? Personne, aucun journaliste, aucun politique ne l’a posée, sans doute car la réponse est très dérangeante.

Je l’ai fait calculer par un polytechnicien, énarque et actuaire. De combien doit être le fonds de réserve en 2040 pour maintenir les retraites aux niveau d’aujourd’hui, sachant que le besoin en plus du financement actuel sera de 45 milliards d’euros en 2020, et de 105 en 2040.

Pour avoir chaque année 105 Mds en 2040, à 3,5% hors inflation, il faut un capital de 3 500 milliards d’euros, et mettre 47 Mds de côté chaque année pendant 40 ans. Pour ne pas toucher ce capital pendant sa constitution, il faut un deuxième fonds, de lissage, en mettant 35 Mds de côté chaque année, permettant de constituer un petit capital qui sera épuisé en 2040, permettant de combler les déficits intermédiaires.

Il faut donc épargner 47 + 35 = 82 milliards d’euros chaque année pendant 40 ans, soit 20 fois plus que ce qui est fait actuellement. Nous avons des déficits de plus de 60 Mds par an, il faut passer en excédents de 80 Mds, pour régler le problème sans tricher sur le plan comptable.

Les hommes politiques ne sont pas dupes et le savent. Ainsi le Sénat a garanti ses propres retraites à un niveau très supérieur, représentant à l’échelle de la France (en divisant le capital par le nombre d’actifs, sénateurs et employés du Sénat, et en multipliant le résultat par le nombre d’actifs en France) non pas 105 Mds mais 5 fois plus. Ces réserves ne sont pas pour 2040, mais existent ce jour.

A la caisse de retraite des médecins nous faisons l’expérience en constituant des réserves importantes, et nous le faisons dans des conditions idéales impossibles à réaliser dans le régime général : 1) nous sommes beaucoup pour cotiser et constituer des réserves : 4 cotisants / 1 retraité au lieu de 2/1 ; 2) nous avons augmenté la cotisation de 50%, impossible dans le régime général ; 3) nous baissons les retraites de 15 à 20%, difficile politiquement. Malgré ces bonnes conditions, nous commencerons à utiliser nos réserves vers 2020, et elles seront épuisées en 2040, ce qui veut dire que celui qui démarre aujourd’hui sera obligé de surcotiser toute sa carrière, et quand il prendra sa retraite pour 20 ans, il y aura 1 cotisant pour 1 retraité et 0 euro dans la caisse.

Même en faisant de gros efforts de capitalisation, en surcotisant de 50% avec un rapport démographique encore presque correct, la répartition, en dessous de 3/1 n’est pas viable. Le problème est bien mathématique, non idéologique. C’était possible de constituer ces réserves il y a 15-20 ans, avec moins d’efforts et plus de cotisants. Actuellement il est trop tard, et les politiques, tous informés depuis 20 ans ont une responsabilité considérable.

Si les hommes politiques fuient c’est sans doute parce qu’il n’y a pas de solution. A ce difficile problème se surajoute le problème des régimes spéciaux et de fonctionnaires qui va créer un conflit entre français avant le conflit de génération. Le résoudre est tout aussi difficile voir impossible, les syndicats refusant toute concession. Le problème se résume aux deux tableaux suivants qui parlent d’eux-mêmes.

SOLUTIONS PROPOSÉES

Quelques Principes

- Retour à l’égalité entre citoyens afin d’éviter un conflit sévère. Vu les efforts à fournir, on ne peut demander à une seule catégorie de financer à la fois sa propre retraite et celle des autres.

- Donner aux vrais responsables, de vraies responsabilités ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Redéfinir ces responsabilités.

- Diversifier les risques dans chaque régime.

- Stopper la fuite en avant. Un des plus gros scandales d’aujourd’hui est de cacher la vérité. Il faut informer les citoyens de la situation à venir, afin qu’ils s’organisent pour assurer le complément et il faut leur fournir les outils pour le faire. En cachant la vérité, ils ne voient pas la nécessité de le faire ; en poursuivant la fuite en avant, on continuera de ponctionner sans espoir, leur ôtant toute capacité d’épargner à coté pour permettre de palier aux aléas de la répartition.

- Ne pas aborder le problème de la retraite à 60 ans de face : la retraite peut se prendre entre 60 et 65 ans. Plus on décide de partir tôt, moins on touche, mais plus longtemps. L’abattement doit être calculé à coût neutre pour les autres cotisants. La cotisation doit aussi être à la carte, avec possibilité de cotiser 10 ou 20% de plus, par décision personnelle sans que cela coûte aux autres. Celui qui veut partir plus tôt avec la même retraite qu’à 65 ans et qui est prêt à payer pour doit avoir cette possibilité, tout comme celui qui veut travailler plus longtemps pour toucher plus, tout comme celui qui veut travailler moins ou partir plus tôt, quitte à toucher moins.

Trois étages, trois niveaux de responsabilités.

1er étage : régime de base, sous la responsabilité de l’Etat, de lui seul, sans intervention des partenaires sociaux. C’est un régime de base unique avec le principe suivant : à revenu égal, cotisation égale, à cotisation égale, retraite égale, que l’on soit salarié, fonctionnaire, indépendant ou profession libérale.

La cotisation ne serait plus sur le travail, le financement étant public et basé sur la solidarité. C’est le rôle de la CSG, du RDS ou d’une TVA sur la consommation. Suppression de la cotisation du régime de base, allégeant la charge des entreprises, le salarié récupérant sa cotisation pour payer l’autre mode de financement.

On ne peut garantir toutes les retraites, on peut et on doit garantir ce régime de base, dont le rôle n’est pas de fournir 20-40-60% du dernier revenu, mais le minimum vital pour tous, quel que soit son revenu d’activité ou sa durée de travail. On rentre dans le système avec les droits actuels, chaque année les retraites les plus hautes sont amputées de 1%, les plus basses augmentées de 1%, jusqu’à égalisation, en 15 ou 20 ans, sans heurts.

2ème étage : régime complémentaire, professionnel, de la responsabilité des partenaires sociaux.

Nous avons tous des professions différentes, des revenus différents, des modes de raisonnement différents. Il faut donc des caisses professionnelles, gérées par les partenaires sociaux, élus par les affiliés. Il faut établir des règles de transparence, avec publication des prévisions établies avec les mêmes règles et contrôler ces publications. C’est le seul rôle de l’Etat, les caisses étant par ailleurs autonomes. Répartition ? Capitalisation ? Laisser les intéressés, les professions, décidés eux mêmes. Pour plus de clarté, rendre la totalité des cotisations aux salariés qui versent et gèrent leur cotisations sans intervention de l’employeur.

3ème étage : régime par capitalisation, relevant de la responsabilité individuelle, sans intervention de l’Etat ni des partenaires sociaux. Étant une "cotisation retraite", il faut une déductibilité des cotisations.

Contrairement à ce qui se fait aujourd’hui, privilégiant les seuls contribuables, il faut un système de crédit d’impôt pour que les bas revenus ne soient pas lésés. Combien peut-on déduire ? Autant que l’on met dans le système de base collectif et basé sur la solidarité. Si je cotise 10 000 euros dans le RB, je peux déduire 10 000 euros. Ainsi ceux qui se débrouillent pour ne rien payer n’ont aucun droit. C’est en quelque sorte la Préfon pour tous : fonctionnaires, non fonctionnaires, hauts et bas revenus.

On doit pouvoir investir dans de véritables fonds de pension, qui ne sont pas des SICAV actions gérées par des requins de banquiers ou d’assureurs comme on tente de nous le faire croire en France. Ils doivent être gérés comme des caisses de retraite, les fonds sont mutualisés, gérés par les affiliés, avec des fourchettes imposées pour les types de placements : obligations, actions, immobilier, afin de diversifier les risques.

Cet article ne vous laisse pas insensible ? D'autant qu'il est écrit par un responsable de caisse de retraite ? Et qui plus est d'une caisse saine qui n'est pas encore en faillite ou proche de l'être ? Une seule recommandation : lisez son livre, vite !
 
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