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Retraite - Le super-casse du siècle : les retraites d’EDF
Sauvegarde retraite : des Citoyens qui Prennent leur Retraite en Main
 
Le super-casse du siècle : les retraites d’EDF (04/03/2004)
 
Denis Even, l'auteur du livre " Le nouveau livre noir des retraites", s'insurge contre le pillage des retraites du privé par le régime spécial des retraites d'EDF.
 
Un haut fonctionnaire du Trésor parlait à propos de la facture du Crédit Lyonnais du «casse du siècle». Un casse de 30 à 40 milliards d’euros, peut-être davantage.
Pourtant, à côté du super-casse des retraites et aujourd’hui de celles d’EDF, le Crédit lyonnais fait figure de légère mise en train…

Dans notre livre, nous avons tenté d’expliquer comment fonctionnait le régime français des retraites. A partir des seuls documents officiels et des statistiques de l’Insee, nous avons mis en lumière :
- l’énorme différence de traitement entre les salariés du secteur privé et les agents publics ;
- un financement de plus en plus pervers
, grâce à la règle de compensation qui fait qu’une part croissante des pensions publiques est réglée par les cotisations du privé ;
- la mauvaise gestion des caisses de retraites qui n’ont pas mis de côté les fonds nécessaires au paiement de pensions décentes dans 10, 20 , 30 et 42 ans…

Des constats qui ne rendent pas optimistes pour l’avenir : les retraités du privé ne toucheront que ce qui restera après le pillage de leurs cotisations par le public !
Mais deux éléments nouveaux viennent renforcer notre pessimisme : le cas des retraites d’EDF et l’obtention récente pour les pères fonctionnaires du droit de partir à la retraite après 15 ans d’activité seulement.

Le cas d’EDF : un marché de dupes

Le régime spécial de retraites d’EDF est l’un des plus généreux : âge de départ de 55 ans pour les actifs (56 000 personnes) ou de 60 ans ; bonification de deux mois par année travaillée ; pension de 75 % à 80 % du dernier salaire…
Une facture qu’on évalue à 50 ou 52 milliards d’euros, sachant que, pas plus que l’Etat, EDF ne règle sa cotisation employeur et qu’un énorme pourcentage (59 % à 89 % selon les estimations) est payé par l’impôt et la compensation.
Quelle somme propose EDF à la CNAV pour reprendre ses obligations envers ses salariés ?
Une soulte dont le chiffre définitif n’est pas encore officiel, mais qui pourrait s’élever à 8 milliards d’euros.
Ainsi, le marché est le suivant : en échange de 8 milliards d’euros, la CNAV s’engage à verser 50 à 52 milliards d’euros, sur 31 ans, aux retraités d’EDF.
Soit six fois plus que la mise initiale !


Pour être à l’équilibre, il faudrait que cette somme (8 milliards d’euros) ait une rentabilité minimum de placement à 7,80 % par an pendant 31 ans. Un objectif impossible à tenir !
D’autant que le capital va diminuer chaque année, compte tenu de la mise à la retraite des enfants du baby-boum, très nombreux dans les dix prochaines années. Il risque même d’être dévoré en six ou sept ans et la CNAV enregistrerait alors, sur 31 ans, une perte globale de 51 milliards.

Aucune banque, aucune compagnie d’assurance privée n’accepterait un tel marché. Pourquoi alors, les partenaires sociaux qui gèrent les caisses de retraite, vont-il accepter de reprendre les retraites d’EDF, tout comme ils ont accepté de reprendre celles de France Télécom ?

Un gestionnaire normal prend ses responsabilités et, dans le cadre des objectifs arrêtés par ses actionnaires en assemblée générale, gère son entreprise en toute indépendance. Mais il a des comptes à rendre. Est-ce le cas des gestionnaires des caisses de retraite ?
S’ils bénéficient de rémunérations somptueuses, ils ne veillent guère à la productivité : rendement misérable des placements, absentéisme (20 à 25 % selon l’IFRAP, l'Institut français pour la recherche sur les administrations publiques), détournements de fonds au profit des organisations syndicales, selon l’IGS (Inspection générale des affaires sociales)…

Nous nous inquiétions de constater que la réforme Fillon n’était pas totalement financée, avec un déficit de 43 milliards d’euros en 2020. Avec les retraites de France Télécom, d’EDF, et des fonctionnaires pères de trois enfants, s’ajoutent maintenant 70 milliards d’euros supplémentaires. Où va-t-on ?

Nous attendons la réaction des caisses de retraites. Elle sera un test. Elle prouvera leur manque d’indépendance, pour ne pas dire leur servilité. Elle prouvera que l’Etat est le gérant de fait et apportera la preuve que l’on ne peut laisser plus longtemps la gestion des retraites des Français à des irresponsables.

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