Revalorisation en 2024 : attention aux effets pervers !

Le gouvernement avait annoncé pour 2004 une revalorisation de 5,2 % des retraites de base. Ce chiffre, finalement augmenté à 5,3 %, est sorti du chapeau magique de l’Etat. Mais cette revalorisation recèle deux zones d’ombre.

- D’une part, les retraités du public sont, une fois de plus, avantagés par rapport à ceux du secteur privé. Dans les régimes spéciaux du secteur public, il n’existe pas de distinction entre retraite de base et complémentaire. C’est donc la globalité de la pension qui est revalorisée de 5,3 %. Pour les fonctionnaires, il s’y ajoute une pension surcomplémentaire, le régime additionnel de la Fonction publique (RAFP), lui-même revalorisé à hauteur de 6,8 % ! En 2023, le RAFP avait déjà bénéficié de la plus forte hausse de tous les régimes de retraite obligatoires, avec une progression de 5,7 %.

Pour les salariés du privé, en revanche, la revalorisation de 5,3 % ne concerne que le régime général (CNAV), tandis que la pension complémentaire AGIRC-ARRCO augmente de 4,9 % *.

- D’autre part, la revalorisation de 5,3 % décidée par l’Etat n’est pas financée. Selon la commission des comptes de la Sécurité sociale, en effet, le déficit du régime général devrait avoisiner 3,7 milliards d’euros en 2024. La situation des régimes spéciaux du secteur public est encore plus mauvaise : au mois de septembre dernier, le hautcommissaire au plan, François Bayrou, évaluait leur déficit global à 40 milliards d’euros par an. Abyssal ! Pourtant, eux aussi sont revalorisés de 5,3 %, cette augmentation portant comme on l’a vu sur l’ensemble de la pension de retraite (hors RAFP).

Dans ce contexte, le coup de pouce que le gouvernement affecte de donner aux retraites creuse une dette publique qui dépasse déjà 3 100 milliards d’euros et que les contribuables, actifs ou retraités, devront rembourser tôt ou tard, en payant des intérêts de plus en plus exorbitants (le gouvernement a prévu d’emprunter encore 285 milliards d’euros en 2024, après 270 milliards en 2023). L’expérience montre que dans une telle situation, l’État reprend d’une main ce qu’il donne de l’autre, en usant de procédés aussi grossiers que la hausse de la CSG (créée au taux de 1,1 % en 1991 et augmentée à plusieurs reprises jusqu’en 2018).

* Cette revalorisation de 4,9 % n’entame pas les réserves de l’AGIRC-ARRCO, ni son équilibre budgétaire. Au mois d’octobre, ces mesures avaient pourtant provoqué l’ire du gouvernement, qui reprochait au régime de retraite complémentaire des salariés du privé ces prétendues « dépenses » et prévoyait de le ponctionner de 3 milliards d’euros.


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