Retraites "chapeau" : les pensions amputées !

La réforme des retraites ne touche pas aux régimes spéciaux du secteur public. En revanche, le gouvernement ne se gêne pas pour taxer les retraites du privé.

Dans le cadre de la réforme, le gouvernement a décidé de « matraquer » les retraites chapeau par le moyen d’une énième taxation. Comme si cela ne suffisait pas, en plus de la CSG-CRDS, de la cotisation « maladie » et bien sûr de l’impôt sur le revenu, une nouvelle taxe de 14 % a été votée.

Dans l’imaginaire collectif, les compléments de retraites « article 39 », dits « retraites chapeau », constituent de mirifiques pensions garanties pour les grands patrons. Cette image a été popularisée par la provision de 730 000 euros passée par la Société Générale pour financer la « retraite chapeau » de son président Daniel Bouton. Le message gouvernemental est donc clair : « notre politique est juste puisque nous taxons les très riches. »
Cependant, en fait de taxe supplémentaire pour une « poignée de milliardaires », c’est bien une taxe discriminatoire pour les cadres qui vient d’être votée.
En effet, contrairement à la légende, les « retraites chapeau » ne représentent pas forcément des sommes mirobolantes et ne sont pas exclusivement réservées à la haute direction du CAC 40 :
- 90 000 retraités en bénéficient, dont une large proportion de simples cadres ;
- 10 500 entreprises sont concernées ;
- la pension mensuelle moyenne est de 323 euros par mois ;
- seuls 15 % des bénéficiaires touchent plus de 7 000 euros par an.
Au-delà du fait que le tour de passe-passe gouvernemental consiste ni plus ni moins qu’à amputer des retraites pour en financer d’autres, cette nouvelle taxation est parfaitement discriminatoire. Certes, les « retraites chapeau » sont avantageuses, dans la mesure où elles garantissent un certain niveau de pension. Mais alors, pourquoi se contenter de surtaxer les seules retraites « article 39 » qui concernent uniquement des salariés du privé ? D’autres régimes garantissent le niveau de leurs pensions, alors même qu’ils ne sont pas financés : ce sont ceux des parlementaires, du Conseil économique et social, des fonctionnaires... et tous les régimes spéciaux des agents publics.
Dans les faits, cette annonce sonne davantage comme un « coup de communication » social que comme une mesure sérieuse nécessaire au financement des retraites.
Selon les calculs du gouvernement, elle rapporterait 19 millions d’euros par an, une goutte d’eau dans le gouffre de l’assurance vieillesse. En attendant, il est scandaleux que certains retraités du privé voient leur pension amputée. D’autant plus scandaleux que la réforme n’a pas (ou très peu) touché les régimes les plus
favorisés.

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