Retraites : que l’Etat montre l’exemple !

Monsieur le Premier ministre,

Au cours de votre déclaration de politique générale, prononcé le 1er octobre devant l’Assemblée nationale, vous avez évoqué la possibilité d’apporter des « aménagements raisonnables et justes » à la réforme des retraites réalisée l’an dernier par Mme Elisabeth Borne. Sauvegarde Retraites avait critiqué cette réforme paramétrique, inadaptée aux défis démographiques et financiers qui menacent l’avenir de nos retraites. Sans une véritable réforme de fond, la situation continuera à se dégrader inexorablement. Ce n’est malheureusement pas ce que vous projetez et nous avons de fortes raisons de nous inquiéter lorsque vous annoncez vouloir faire appel aux « partenaires sociaux » pour « réfléchir » à ces aménagements de la réforme Borne. En effet, les principales centrales syndicales sont contrôlées par les puissants syndicats du secteur public, qui défendent avant tout les intérêts des régimes spéciaux gérant les pensions de leurs affiliés.

Vous avez également rappelé, dans votre discours du 1er octobre, que « la véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale », qui, « si l’on n’y prend garde, placera notre pays au bord du précipice ». Avec quelque 3 200 milliards de dette publique et un déficit supérieur de 50 milliards à celui prévu par l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire dans la loi de finances pour 2024, notre pays est déjà au bord du précipice !

Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour souligner le poids des retraites dans cette dette et ce déficit considérables. En effet, le solde négatif de l’ensemble des systèmes de retraite français (très différents les uns des autres) atteint près de 70 milliards d’euros ; mais cette perspective est faussée si l’on ne prend pas en compte dans ce total l’énorme poids des régimes spéciaux du secteur public, dont les déficits propres, déguisés derrière des subventions d’équilibre et des systèmes de surcotisations payés par l’ensemble des contribuables, avoisinent à eux seuls 57 milliards d’euros (49 milliards pour les régimes des fonctionnaires et 8 milliards pour les autres régimes spéciaux). Selon le Haut-Commissariat au Plan, la subvention d’équilibre versée par l’Etat pour financer les pensions de ses seuls fonctionnaires s’est élevée, en 2021, à 38,5 milliards d’euros !

Non seulement ces régimes de retraite du secteur public, très avantageux pour leurs affiliés, sont beaucoup plus déficitaires que ceux du privé, mais ils ne sont pas de même nature. Les régimes du public ne procèdent pas, comme ceux du privé, d’une logique assurantielle, mais d’un système de paiement à vie, déguisé derrière de pseudo-cotisation qui n’ont d’existence que sur le papier. C’est particulièrement évident concernant les retraites des fonctionnaires de l’Etat, qui ne disposent même pas d’une caisse de retraite propre, mais sont directement gérées par l’Administration, via un service ad hoc (le service des retraites de l’État).

Au cours de votre discours de politique générale, vous avez déclaré, Monsieur le Premier ministre, que « le premier remède à la dette, c’est la réduction des dépenses. (…) Réduire les dépenses, c’est renoncer à l’argent magique, à l’illusion du tout gratuit, à la tentation de tout subventionner. » Or, en matière de retraites, « l’argent magique », c’est d’abord celui que l’Etat utilise pour alimenter à tire-larigot ses régimes spéciaux ! La première urgence consiste donc à remettre en ordre la gestion des retraites de l’Administration elle-même en substituant à la logique de traitement à vie qui y prévaut une logique assurantielle – telle qu’elle existe dans les régimes complémentaires du privé, qui non seulement sont à l’équilibre, mais sont parvenus, grâce aux efforts exigés de leurs affiliés, à constituer des réserves.

Les expériences passées laissent prévoir ce qu’il adviendra si cette véritable réforme du système de retraites du public n’est pas réalisée : la « dette retraite » sera mutualisée entre les cigales et les fourmis, c’est-à-dire que les régimes du privé paieront pour les régimes spéciaux du public ultra-déficitaires. Et tandis que les affiliés aux premiers en feront une fois de plus les frais, les quelques efforts demandés aux seconds seront comme toujours compensés par de nouveaux privilèges.

C’est pourquoi je vous demande instamment, M. le Premier ministre, de réformer en priorité les pensions du secteur public en les dotant d’un véritable système de retraite, géré selon une logique assurantielle au lieu du principe de rémunération à vie en vigueur jusqu’à présent. 

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