Régimes spéciaux : demandons leur avis aux Français !

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, demande l’organisation d’un référendum sur les retraites. Chiche ! À condition de poser la vraie question…

Réagissant à l’idée du Premier ministre François Bayrou d’organiser un référendum sur le budget, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a suggéré d’en organiser plutôt un sur le thème des retraites. Pourquoi pas ? Encore ne faut-il pas mettre la charrue avant les bœufs. Lors des précédentes élections présidentielles, notre association a demandé que les Français soient consultés sur le projet de réforme après qu’il aura été défini. C’est en effet la plus sûre manière de passer outre les blocages des syndicats du secteur public pour réaliser une réforme de fond, et d’éviter que le gouvernement ne recoure une fois de plus à l’article 49-3 pour imposer au Parlement – et aux Français – des réformes paramétriques qui ne règlent rien durablement.
On se doute que ce n’est pas le but de Sophie Binet. Son projet consiste à égarer les Français sur les seules pistes de l’âge légal de départ et de la pénibilité, en évitant soigneusement de poser des problématiques plus importantes, mais plus gênantes : en premier lieu, la nécessité de supprimer tous les régimes spéciaux dits de retraite, à commencer par ceux de la fonction publique. Ils octroient à leurs bénéficiaires des privilèges coûteux et sont en réalité des systèmes de traitement à vie payés par l’ensemble des contribuables à travers des subventions aux montants ahurissants : plus de 45 milliards d’euros pour la seule fonction publique de l’État, ce qui représente les trois quarts du financement de ce régime !
La Cour des comptes elle-même a reconnu implicitement que ces prétendus régimes de retraite n’en étaient pas, puisqu’elle n’a pas voulu prendre en compte ces subventions dans le déficit des retraites, sous prétexte de « différences structurelles qui ne permettent pas la comparaison avec le régime général ». Et pour cause ! Le régime général et le régime complémentaire des salariés du privé sont de vrais régimes de retraite, qui fonctionnent sur une logique assurantielle. Au contraire, les systèmes du secteur public, à commencer par celui des fonctionnaires de l’Etat, se dissimulent faussement derrière l’appellation de régimes de retraite, mais n’en sont pas.
On se doute que la secrétaire générale de la CGT n’envisage pas de soumettre au jugement des Français cette question, qui pourrait être ainsi rédigée :
« Sachant que les prétendus régimes spéciaux de retraite ne relèvent pas d’une logique assurantielle, mais sont des traitements à vie, financés par les impôts prélevés sur l’ensemble des contribuables et dont le coût faramineux plombe les finances publiques, pensez-vous que leur extinction est prioritaire et doit précéder tout nouvel effort demandé aux affiliés aux régimes de retraite du secteur privé, cotisants et retraités ? »
Notre association est prête à appuyer la proposition de référendum de la CGT, si Sophie Binet accepte que cette question soit la première posée.


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