Le COR ne veut décidément pas de vraie réforme
Une pseudo-bombe en plein « Grenelle des retraites » supposé abriter la négociation entre « partenaires sociaux » sur l’avenir des retraites : le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) – qui a fuité avant même d’être approuvé par ses membres – préconise le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 66 ans et demi.
Les syndicats crient au scandale contre ce rapport dont ils exigent la modification avant sa parution : « Ça donne du grain à moudre au patronat qui ne souhaite absolument pas revenir sur le report de l'âge légal à 64 ans. Et ce rapport du COR ne nous aide pas pour essayer de discuter autour de l'âge légal », s’offusque le patron de la CFTC, Cyril Chabanier.
La même comédie se répète inlassablement : ces cris d’orfraies et ces vrais-faux rapports de forces cachent le vrai scandale : à aucun moment le COR – et avec lui les syndicats et le gouvernement –n’ouvre la moindre porte à une réforme structurelle des retraites. Le même grand théâtre joue sempiternellement la même pièce, avec les mêmes répliques et un script au fil conducteur invariable : du paramétrique, encore du paramétrique, toujours du paramétrique. Autrement dit, de simples rustines qui ne sont jamais à la hauteur des enjeux.
Cette fois, c’est le report de l’âge légal, « la modération de la progression des pensions », « un prélèvement sur les retraités les plus aisés » ou encore « une augmentation des cotisations patronales ». Et tous ces messieurs-dames de s’envoyer des noms d’oiseaux autour de ces options paramétriques dérisoires pour mieux préserver ce qui est vraiment essentiel à leurs yeux : pas touche aux régimes spéciaux de la fonction publique, auquel le plus grand nombre de ces acteurs de série B politique sont affiliés.
Équité et liberté
La question de l’âge légal constitue un exemple typique de faux débat. La réalité, c’est que les affiliés, déjà aujourd’hui, choisissent leur âge de départ en fonction du montant de pension qu’ils veulent toucher, c’est-à-dire le plus souvent le taux plein. Ils sont déjà un certain nombre à liquider leurs droits à 66 ans ou 67 ans pour atteindre cette sorte de graal de la retraite.
Ce qui est indispensable, c’est d’engager sans tarder une réforme structurelle qui commence par la suppression des régimes de rémunération à vie des fonctionnaires, agents publics et assimilés : équité d’abord. Liberté ensuite : en matière d’âge de départ, il convient de laisser la liberté de leur choix aux affiliés en assurant la neutralité actuarielle.
Des notions simples qui ne sont jamais abordées dans les débats officiels sur les retraites, afin de sauvegarder, non pas les retraites, mais ce qu’il faut bien appeler des privilèges indus.