Attali veut faire payer aux retraités les pots qu’il a cassés

Jacques Attali, conseiller de plusieurs présidents de la République et, comme tel, l’un des responsables de la situation actuelle, voudrait que les retraités paient le déficit de l’État et fassent les frais des erreurs des politiques. Un comble !

Les finances de la France sont au plus mal, mais rassurons-nous, Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand, de Nicolas Sarkozy, et pygmalyon d’Emmanuel Macron, qu’il a poussé dans la carrière, fourmille d’idées pour tirer l’État de ce mauvais pas. Il les a exposées au Point, dans un entretien publié sur le site de cet hebdomadaire, le 29 juillet dernier, où il critique sévèrement le plan Bayrou : « nous sommes loin d’un plan de réforme structurelle, dit-il. Ce n'est pas en ajustant quelques éléments, ici ou là, que nous allons mettre fin au dérapage systémique de nos dépenses publiques. »

La réforme structurelle des retraites est tout à fait indispensable, en effet mais que ne l’a-t-il préconisée et définie quand il en était temps, notamment lorsqu’il présidait la commission « sur la croissance française », qui accoucha en 2008 d’un rapport remis à Nicolas Sarkozy ? Or, on chercherait en vain, dans ce rapport, une proposition de réforme structurelle des retraites. Attali ne pouvait pourtant pas ignorer les difficultés très prévisibles et croissantes qui menaçaient d’ores et déjà les systèmes français de retraite, exposées notamment dès 1991 dans le Livre blanc sur les retraites publié sous l’autorité de Michel Rocard, Premier ministre.

Parmi les solutions qu’il préconise aujourd’hui, l’une concerne les retraites : « les efforts reposent aujourd'hui trop sur les actifs et, à mon sens, les retraités privilégiés doivent être mis à contribution », déclare-t-il en ajoutant qu’« en revanche, il est hors de question d'imaginer que l'on fasse plus en termes de montant global d'imposition. » Autrement dit, il faut augmenter les impôts, mais sans les augmenter : Attali partage avec Emmanuel Macron le sens de l’"en même temps" politique… En fait d’idée novatrice, on peut facilement trouver mieux. Attali en reste au socialisme ordinaire : il s’agit de faire payer les "riches" au nom de la « justice fiscale » (sic), qui, dit-il, fait défaut au plan Bayrou. Il se garde d’ailleurs de préciser ce qu’est un « retraité privilégié ». Au mois de janvier, le ministre du Travail, Mme Astrid Panosyan-Bouvet, avait proposé de « taxer les retraités les plus aisés qui peuvent se le permettre », c’est-à-dire ceux disposant d’une pension de… 2 000 ou 2 500 euros par mois !

Le journaliste du Point qui interroge Attali lui pose une question impertinente en lui rappelant qu’il a porté au pouvoir l’actuel chef de l’État : « Emmanuel Macron, que vous avez soutenu en 2017, qui fut rapporteur au général adjoint de votre commission en 2008, n'est-il pas responsable du dérapage des finances publiques depuis son arrivée au pouvoir ? » Attali répond sans vergogne que « le dérapage budgétaire a débuté en 2008 », ce qui revient à s’en laver les mains mais en réalité, la glissade est continue depuis 1974, dernière année où le budget de l’État a été à l’équilibre, et elle s’est considérablement accélérée sous la présidence de François Mitterrand, dont Jacques Attali fut le conseiller spécial pendant dix ans.

Aujourd’hui, ce dernier feint de s’émouvoir que « la France [soit] sur le plan des déficits l'homme malade de l'Europe »… et voudrait faire payer les retraités dont l’"aisance" prétendue est supposée justifier la spoliation. C’est trop facile ! Attali et ses pairs ont conduit la France dans l’impasse, mais ils continuent à délivrer des avis et donner des conseils comme s’ils n’étaient pas responsables de la situation désastreuse des finances de l’État ! Qu’ils assument enfin leur triste bilan. Le meilleur service qu’ils puissent rendre au pays est de disparaître dans un trou de souris et de se taire définitivement. Il est temps que des hommes nouveaux prennent la relève et réalisent enfin la vraie réforme structurelle qu’eux n’ont pas su, ni voulu, mettre en place et qui s’impose de manière plus urgente que jamais.


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