Coup de com' sur les retraités

Lors de sa conférence de presse du 25 avril, clôturant le « grand débat national », Emmanuel Macron a visiblement cherché à se réconcilier avec les retraités en gommant le mauvais effet des mesures antérieurement prises à leur encontre.

  • Premièrement, concernant la hausse de la CSG, le président de la République a admis s’être trompé, en déclarant : « Je n’oublie pas (…) les retraités modestes, dont j’ai un moment cru moi-même que leurs protestations n’étaient pas totalement légitimes – “vous me parlez de la CSG, regardez c’est quelques euros par mois” – mais qui vivent aujourd’hui avec l’angoisse de parfois devoir aider les générations suivantes qui ne s’en sortent pas totalement, de devoir subvenir aux besoins de leurs propres aînés qui vivent encore et sont en dépendance et qui voient devant eux ce que va coûter la maison de retraite, l’EHPAD, entre 1 800 et 2 000 € par mois là où leur retraite est à 1 300 €, et qu’ils ont (sic) travaillé toute leur vie. » Le président a une conception très optimiste du coût d’un hébergement en maison de retraite…

Le 10 décembre dernier, en pleine crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron avait déjà déclaré : « Les retraités constituent une partie précieuse de notre nation. Pour ceux qui touchent moins de 2 000 € par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année. L'effort qui leur a été demandé était trop important et il n'était pas juste. » En conséquence, il avait annoncé que la hausse de 1,7 % de CSG serait supprimée à partir du 1er janvier 2019 pour tous ceux disposant d’un revenu mensuel inférieur à 2 000 € et que le trop-perçu leur serait remboursé.

Toutefois, c’est le revenu fiscal de référence (RFR) qui est pris en compte. Or, il concerne l’ensemble des revenus, y compris ceux tirés d’un loyer et de biens placés, ou ceux du conjoint. Ainsi, pour un couple, le seuil s’établit à 2 886 €, soit 1 443 € par personne. Nous voilà loin des 2 000 € annoncés !

  • Deuxièmement, le 25 avril, le président de la République a également souhaité qu’au 1er janvier prochain, « nous réindexions les retraites de moins de 2 000 € et qu'il n'y ait plus de sous indexation de quelque retraite que ce soit à partir de l'année 2021 ». A priori, ces déclarations sont rassurantes… mais a priori, seulement.

Rappelons en effet que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 avait prévu que les retraites seraient revalorisées au taux de 0,3 % en 2019 et 2020, soit sensiblement au-dessous du taux de l’inflation (estimé à 1,5 % en 2019, après 1,85 % en 2018). Cette « sous-indexation » se traduit par une amputation du niveau de vie.

Cette mesure a pris effet pour l’année 2019, mais le Conseil constitutionnel l’a censurée pour la suivante, pour des raisons de procédure (la loi de financement 2019 ne couvre pas 2020). S’il veut la reconduire, le gouvernement devra donc l’inscrire dans la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.

En réalité, Emmanuel Macron confirme donc aux retraités que leurs pensions seront de nouveau revalorisées sous l’inflation en 2020 mais qu’ils peuvent s’estimer heureux qu’elles ne le soient pas en 2021 – ce dont il n’avait jamais été question !

Le président de la République ressemble ainsi à un bourreau qui dirait à son patient retraité : " Je t’ai condamné à te couper les deux mains. Je t’ai tranché la droite hier. Il va sans dire que je t’amputerai de la gauche demain. Mais sois heureux car, après-demain, je ne te couperai pas les pieds. Du moins jusqu’à nouvel ordre… »

Ça, c’est de la « com’ » ! Faut-il vous remercier, monsieur le bourreau ?


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