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Les syndicats RATP en grève pour le maintien de leurs privilèges

Les agents de la RATP ont fait et feront encore grève « préventivement » contre une réforme des retraites encore très vague. Leur but : conserver leurs avantages et continuer à les faire payer aux affiliés des autres régimes.

C’est reparti pour un tour de grève à la RATP : les lignes de métro ont été totalement ou partiellement fermées le vendredi 13 septembre à Paris, à l’exception de celles dont le pilotage est automatisé (lignes 1 et 14). Et les syndicats annoncent que le mouvement va durer. Motif : un mouvement de protestation contre la réforme des retraites, dont le contenu est encore nébuleux.

À chaque nouvelle réforme, les bénéficiaires des régimes spéciaux (RATP, SNCF, IEG, fonction publique, etc.) nous refont le même numéro : lamentations, victimisation, prise en otage des usagers et pression maximale sur le gouvernement pour échapper à la remise en cause des privilèges-maison…

Et à chaque fois, ça marche ! Rappelons que les dernières réformes qui ont touché la RATP en matière de retraite - en 2008, 2010 et 2014 - ont maintenu le statu quo sur les principaux avantages de ce régime spécial, à grand renfort de compensations et de dispendieuses subventions. À tel point que les écarts avec le privé ne se réduisent pas, comme l’a souligné la Cour des comptes dans un rapport publié en juillet 2019 : « Alors qu’en 2017, l’âge moyen de départ à la retraite était de 63 ans dans le régime général et de plus de 61 ans dans la fonction publique civile d’État et la fonction publique territoriale, il était de 57,7 ans pour les IEG, de 56,9 ans pour la SNCF et de 55,7 ans pour la RATP. Ces décalages ne se justifient ni par des écarts d’espérance de vie, ni toujours par une pénibilité particulière ou la nature des fonctions exercées. »

Un régime spécial aux multiples avantages…

En termes d’avantages, les agents de la RATP bénéficient notamment :

  • d’un âge d’ouverture des droits (celui auquel un agent est susceptible de prendre sa retraite avec une pension complète, s’il remplit les conditions du taux plein) qui s’établit en 2019 entre 52 ans et 60 ans et 8 mois, selon les catégories de personnel concernées. (En effet, dans les régimes spéciaux des entreprises publiques, la hausse de deux ans de l’âge de la retraite - inscrite dans la réforme Woerth de 2010 - n’a commencé à s’appliquer progressivement qu’à partir de 2017 et ne deviendra effective qu’en 2024)

  • de nombreuses primes entrant dans le calcul de la pension. (En outre, la Cour des comptes observe que « la formule de calcul des pensions par la Caisse de retraites du personnel de la RATP prend en compte des coefficients multiplicateurs qui, cumulés, majorent les pensions de 10,3 % ») ;

  • de « points de nuit » s’ils effectuent des services nocturnes, qui sont également pris en compte pour calculer la pension. Fin 2017, un point de nuit représentait en moyenne une majoration de pension de 70 € par mois

  • d’avantages en nature : les retraités de la RATP peuvent circuler gratuitement sur les lignes exploitées par la régie. Leur conjoint et leurs enfants à charge ont droit à une réduction de 50 %

  • de réversions servies sans conditions d’âge, ni de ressources.

… financés par les contribuables

La Cour des comptes remarque par ailleurs que les montants brut moyens de pension de droit direct (en équivalent carrière complète) sont élevés : 3 705 € en 2017 à la RATP (répétons qu’il s’agit d’une moyenne).

Entre 2010 et 2017, la pension brute moyenne (en équivalent carrière complète) des nouveaux retraités a d’ailleurs augmenté de 10 % à la RATP. La Cour précise que « les revalorisations salariales négociées en 2007-2008 dans les IEG, à la RATP et à la SNCF, en contrepartie de la réforme des retraites de 2008, ont contribué à ces hausses de pension… »

Evidemment, tout cela coûte très cher, et même de plus en plus cher, au contribuable. Les réformes n’ont fait réaliser aucune économie, au contraire, comme l’ont constaté les magistrats de la rue Cambon : « les régimes spéciaux de la RATP, de la SNCF et des IEG bénéficient d’un montant élevé de contributions de nature publique. »

En effet, « les cotisations représentent 36 % des ressources du régime de la SNCF, 41 % de celui de la RATP et 68 % de celui des IEG. Le reste provient de financements publics, dont la part a augmenté au cours de la dernière décennie pour atteindre 5,5 milliards € en 2017 […] dont 1,8 milliards € pour couvrir les droits spécifiques des retraités (principalement le droit à un départ précoce pour certaines catégories de salariés). »

Dans le cas de la Régie, cette contribution prend la forme d’une subvention (dite dotation budgétaire de l’Etat) qui s’élevait à 681 millions d’euros en 2017, ce qui représentait 59 % des ressources du régime spécial de retraite. Autrement dit, l’essentiel des avantages sort de la poche des contribuables – dont les régimes de retraites sont la plupart du temps beaucoup moins avantageux.

La « solidarité » égoïste des syndicats du public

En réalité, l’objectif de la grève consiste, non seulement à préserver les avantages « secondaires » du régime de la RATP (à savoir, la possibilité de partir à la retraite beaucoup plus tôt que les salariés du privé, etc.), mais surtout le privilège principal de ses agents, c’est-à-dire une retraite garantie à 75 % (minimum) du salaire des six derniers mois.

Les syndicalistes ont en effet calculé que les pensions des agents de la RATP baisseraient si le régime à points venait à remplacer le système annuel (par annuités). Mais que le régime fonctionne par points ou par annuités, les pensions baisseront quoi qu’il arrive en raison, notamment, d’une dégradation croissante du rapport entre le nombre des actifs et celui des retraités – dégradation qui ne « pardonne » pas dans un système par répartition.

Ce que demandent, en somme, les agents de la RATP - et, derrière eux, l’ensemble des bénéficiaires des régimes spéciaux - c’est d’être assurés que leurs pensions, à eux, ne diminueront pas dans le cas où, au contraire, celles de tous les autres Français diminueraient. Mieux : les avantages spécifiques de leur régime spécial étant payés par les contribuables, ils seraient maintenus et financés par les vrais perdants de la réforme Delevoye : les affiliés aux régimes de retraite du secteur privé, à commencer par les indépendants et les libéraux.

En effet, pour payer les avantages des régimes spéciaux, l’Etat, qui a déjà « consommé » presque tout le fonds de réserves des retraités (FRR) constitué grâce à l’impôt, va faire main basse sur les 165 milliards d’euros de réserves que les régimes du privé ont mis de côté en demandant des sacrifices à leurs propres affiliés.

C’est ce que les syndicats du public appellent la « solidarité » et nous, un vol !


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