Non au maintien des régimes spéciaux du public !

Jean-Paul Delevoye a laissé entendre que les régimes spéciaux pourraient être maintenus. Les retraités du privé n’accepteront pas ce « énième » renoncement !

Sauvegarde Retraites a plusieurs fois alerté ses membres à propos du report de la nécessaire réforme des retraites, promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale. Un entretien donné par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, aux Dernières Nouvelles d’Alsace nous alarme encore un peu plus.

Le choix pour conduire cette réforme de cet ancien ministre de la fonction publique, connu pour être un homme de « consensus », n’est pas non plus rassurant. Le consensus s’est assez souvent confondu avec les atermoiements et la crainte de fâcher les syndicats du public pour que nous soyons enclins à la méfiance et les réponses que le haut-commissaire donne au journaliste des Dernière Nouvelles d’Alsace ne sont pas de nature à nous rassurer.

Ainsi, lorsque son interlocuteur lui demande si la réforme sonne « la fin des régimes spéciaux de retraite », Delevoye s’empresse de le détromper : « Vous présentez cela de façon anxiogène ! Un de mes objectifs est au contraire de renforcer la confiance dans notre système de retraite : les jeunes doivent être convaincus qu’ils en bénéficieront eux-mêmes. Il ne s’agit pas de signer la fin de quelque chose, nous voulons respecter le caractère identitaire de certains régimes de retraite : un cheminot est un cheminot, un gazier est un gazier… »

… Et un politicien est un bonimenteur, tout ancien ministre et haut-commissaire qu’il soit !

Quel est le rapport entre le maintien des régimes spéciaux et la confiance des jeunes dans le système de retraite ? Mystère…, et contradiction, car les jeunes auront tout lieu de craindre pour leurs futures retraites si les régimes spéciaux subsistent et si la vraie réforme à laquelle nous appelons n’a pas lieu.

De même, lorsque le journaliste lui demande si l’on peut « respecter l’identité d’un cheminot dans un système unique à points », Delevoye répond que « l’unicité ne veut pas dire la conformité. L’égalité des droits pour un euro cotisé ne signifie pas le même niveau de cotisation, et donc pas le même niveau de retraite. »

Cette idée apparaissait déjà dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron. On y lisait : « Fonctionnaires, salariés, indépendants auront tous les mêmes droits, le calcul de la retraite sera le même pour tous. On saura que, quand des personnes ont une retraite plus élevée, c’est qu’elles-mêmes, leurs employeurs, ou l’Etat au titre de la solidarité, ont cotisé davantage. »

Et encore : « Les spécificités de certains régimes ne disparaîtront pas. Les règles de base seront les mêmes pour tous, mais les taux de cotisation ou les conditions d'âge pourront différer, en raison notamment des caractéristiques des métiers. »

En somme, il suffira que l’Etat « employeur » (c’est-à-dire, en réalité, le contribuable) cotise davantage pour les cheminots ou pour les gaziers, pour que ceux-ci, à « égalité des droits », perçoivent une meilleure retraite, dans le respect de leur « identité »…

Tout espoir n’est pourtant pas perdu si, comme il l’affirme, Jean-Paul Delevoye est disposé à « mener une concertation permanente, tous azimuts, avec l’ensemble des acteurs concernés. » Il dit aussi réfléchir « à une mobilisation citoyenne par des forums, des jurys citoyens, des pétitions… Chacun doit se sentir concerné, poser des questions, et pourquoi pas, contribuer au projet. »

L’association Sauvegarde Retraites, forte de ses 131 000 membres, est évidemment prête à participer à cette concertation permanente et à contribuer au projet, en rappelant au haut-commissaire, s’il le faut par des pétitions massives, que les retraités du privé n’entendent pas se laisser une fois encore berner.


Fermer