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Emmanuel Macron sonne le glas de la réforme des régimes spéciaux

Le nouveau système de retraite sera moins « universel » que prévu. Le Président de la République laisse entendre que la réforme des régimes spéciaux sera repoussée à la saint Glinglin.

Avant même d’avoir mis en route sa « mère de toutes les réformes », Emmanuel Macron semble déjà vouloir lui organiser un enterrement de première classe. Ce n’est pas nous qui le disons, mais le Président de la République lui-même et son haut-commissaire chargé de ladite réforme des retraites.

Le 18 octobre, Jean-Paul Delevoye, répondant sur BFMTV à une question des journalistes Eric Brunet et Laurent Neumann qui portait sur le calendrier de la réforme et sur son éventuelle application aux seuls « nouveaux entrants » dans les régimes de retraite, tranchait : « Si c’est les nouveaux entrants, il n’y a pas de réforme ! »

Il signifiait ainsi que, si la réforme s’applique seulement à la génération qui va commencer à travailler – et à cotiser –, elle sera enterrée sans fleurs ni couronnes.

Or, le 28 novembre, sur RTL, Emmanuel Macron a laissé entendre qu’en ce qui concerne les régimes spéciaux du public, la réforme pourrait, justement, ne s’appliquer qu’à ces « nouveaux entrants ». Arguant d’un mystérieux « pacte avec la Nation », que la France aurait passé avec les bénéficiaires des régimes spéciaux, le Président de la République a, en effet, déclaré :

1 : « nos policiers, nos gendarmes, évidemment nos militaires, nos infirmières, elles sont rentrées avec un pacte là aussi. Est-ce qu’on peut tout bousculer du jour au lendemain ? Non. C’est pour ça que je dis : il faut donner du temps à la transition. »

2 : « Je ne ferai pas une réforme qui nie ce que sont les droits acquis d’individus, mais je leur dis en conscience : vous ne pouvez pas sincèrement et raisonnablement me dire : " on va embaucher un cheminot demain au même régime que vous, on va embaucher un électricien au même régime que vous, on va embaucher avec les mêmes règles. " Ce n’est pas possible. Ce n’est pas raisonnable. »

Et 3 : « Est-ce que le gendarme que j’embauche demain, je ne peux pas dire : il rentre dans le nouveau système, lui ? »

Si l’on décrypte la signification du charabia présidentiel, il apparaît que sous prétexte du fameux « pacte avec la Nation », les bénéficiaires des régimes spéciaux, fonctionnaires et agents des entreprises publiques, vont continuer à profiter de leurs avantages, payés par les contribuables.

Le Président de la République laisse toutefois entendre qu’au terme d’une longue transition, les « nouveaux entrants » (autrement dit, les futurs fonctionnaires et personnels des entreprises publiques…) n’auront plus accès aux régimes spéciaux. C’est ce que l’on appelle fermer (et non pas supprimer) un régime.

Deux remarques s’imposent.

  • D’une part, comme l’avoue Jean-Paul Delevoye, il n’y aura pas de réforme, quelle qu’elle soit (puisque rien n’est encore fixé après deux ans de réflexion et de débats…), si elle ne concerne que les nouveaux entrants. Les expériences passées laissent même penser que ladite réforme ne s’appliquera même pas à ces derniers.
  • D’autre part, les mêmes précautions ne seront pas prises à l’égard du commun des Français, affiliés aux régimes de retraite du secteur privé, salariés ou indépendants. Pour ceux-là, pas de « transition », ni de « contrat avec la Nation », ni de « nouveaux entrants » : la réforme leur sera appliquée le plus tôt possible et ils en feront les frais, comme cela avait déjà été le cas lors de la réforme Balladur de 1993. Au passage, l’Etat fera même main basse, avec gourmandise, sur les réserves constituées par leurs régimes, qui serviront à combler le trou creusé notamment par… les régimes spéciaux.

À ce niveau, on ne peut même plus parler d’entourloupe, mais d’une arnaque d’Etat, d’autant plus flagrante qu’Emmanuel Macron et Jean-Paul avaient prétendu vouloir réaliser l’équité entre tous les affiliés aux régimes de retraite (cotisants et retraités).

En réalité, il n’est qu’une seule manière d’établir cette équité, sachant que les réformes sont réalisées par les hauts-fonctionnaires, eux-mêmes bénéficiaires des régimes spéciaux : il faut d’abord réformer ces régimes, puis aligner sur eux les régimes du privé. Exactement l’inverse de ce qui a eu lieu jusqu’à présent, et que semble prévoir de faire encore Emmanuel Macron.

Sauvegarde Retraites appelle donc ses membres à se mobiliser une nouvelle fois et avec une détermination plus forte que jamais pour exiger que cette méthode soit appliquée à toutes les réformes des retraites.

Messieurs les fonctionnaires, réformez-vous les premiers !


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