Conducteurs de train : vers une réforme avortée

La réforme envisagée des régimes spéciaux : un alignement sur le régime de la fonction publique, n’était déjà pas très ambitieuse... Mais, le bouquet, c’est que dès le premier jour de grève, le gouvernement a une nouvelle fois reculé devant les conducteurs de train.

C’est à peine croyable ! Rarement une élection présidentielle et la nomination d’un nouveau gouvernement n’ont suscité autant d’espoir chez les Français. Espoir de rupture, espoir qu’enfin toutes les réformes si nécessaires à l’avenir de notre pays soient enfin enclenchées. Mais, s’agissant des régimes spéciaux, plus particulièrement de la retraite des conducteurs de train de la SNCF, force est de constater que nous nous acheminons vers une grosse désillusion.
Petit rappel : les conducteurs de train travaillent en moyenne moins de 6 heures par jour et 182 jours par an. A côté, les trente-cinq heures font figurent de cadence infernale… Pour s’en remettre, ils peuvent partir à la retraite dès 50 ans et leur pension est calculée dans des conditions ultra privilégiées.
Or, après seulement une journée de grève, voici ce que la direction de l’entreprise et le gouvernement leur propose :
Pas touche à l’âge de départ à la retraite : 50 ans minimum, 55 ans maximum.
Pas touche au mode de calcul de la pension : les 6 derniers mois de salaire (contre les 25 meilleures années dans le régime général des salariés du privé).
Pas touche aux bonifications, ou trimestres gratuits : 4 trimestres offerts toutes les cinq années d’activité.
Le régime spécial est préservé !
Les seuls efforts qui sont demandés à ces inconditionnels de la grève et du chantage syndical sont de valider 40 annuités au lieu de 37,5 à partir de… 2014 et d’accepter une décote de 5 % du montant de la pension par année manquante, d’ici… 2020 !
En contrepartie, le gouvernement leur propose d’être affiliés à un régime complémentaire de retraite, un nouveau régime… spécial*, réservé au secteur public et fonctionnant par capitalisation !
Au bout du compte, le conducteur de train qui refusera de travailler plus longtemps verra bien sa pension amputée mais sa nouvelle retraite complémentaire viendra compenser le manque à gagner.
Pour les autres, la retraite sera encore meilleure !
A l’instar de la « réforme » des retraites de la Banque de France**, adoptée en avril dernier, celle de la SNCF s’annonce totalement factice.
* Ce nouveau régime devrait nécessiter de nouvelles cotisations mais, dans les régimes spéciaux, les hausses de cotisations sont systématiquement compensées par des hausses de traitement. Ce fut le cas, récemment, chez EDF et GDF, à la RATP et à la Banque de France.
** Voir, Sauvegarde Retraites, « Banque de France : une réforme en trompe-l’œil », Etudes et analyses n° 13, janvier 2007.

Fermer