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Les services du Premier ministre préparent la taxation des « seniors »

L’institution France Stratégie propose de taxer les personnes âgées. Une façon indirecte de baisser les retraites.

L’organisme France-Stratégie, dépendant du Premier ministre, propose, dans une note publiée le 31 mars sous le titre « Jeunesse, vieillissement, quelles politiques ? », de taxer les personnes âgées, au nom de l’égalité devant l’Etat-Providence.
Son argument est, grosso modo, celui des vases communicants : Pierre, « senior », est plus riche que Paul, jeune adulte, et dispose (en moyenne, à l’échelle de sa génération) d’un patrimoine et de revenus plus importants il faut donc remédier à cette inégalité en prenant à Pierre sous prétexte de donner à Paul…

Comment ? En corrigeant le « différentiel important entre les dépenses de protection sociale consacrées aux plus de 60 ans et celles allouées aux moins de 25 ans ».

Et quelles sont ces dépenses de protection sociale ? Côté personnes âgées, essentiellement celles qui découlent du « choix d’une large couverture publique en matière de santé et de retraite, rendue possible dans le passé par un contexte démographique exceptionnel ». Et côté jeunes, celles qui relèvent de l’assistanat : « Les jeunes sont écartés de la protection sociale de droit commun dans les faits, puisqu’ils sont moins souvent indemnisés par l’assurance chômage pour des montants plus faibles et des durées plus courtes, comme en droit, puisqu’ils n’ont pas accès au RSA et sont pris en charge par des dispositifs dédiés ».

Horresco referens, « l’accompagnement des transitions vers l’âge adulte reste du principal ressort des solidarités familiales », alors que les familles ne disposent pas toutes des mêmes ressources. Selon les auteurs de la note, « si l’accompagnement de l’entrée dans l’âge adulte est laissé aux famille, cela favorise la perpétuation des inégalités sociales ».

Pour résumer les arguments de France Stratégie, il apparaît donc :

- qu’il n’est pas normal, ni égalitaire, que les jeunes qui n’ont encore jamais travaillé soient moins riches que les vieux qui ont derrière eux une carrière complète

- que les dépenses de santé, conséquences inévitables du vieillissement, et celles liées aux retraites (procédant du système obligatoire et par répartition), sont mises sur le même pied que les dépenses de « protection sociale » résultant du chômage des jeunes – qui n’est pourtant pas être une fatalité, sauf aux yeux des services du premier ministre

- que l’Etat-Providence a vocation à se substituer aux solidarités familiales pour « redistribuer ». Autrement dit, il serait légitime qu’il capte le capital des familles pour en disposer à sa guise, sous prétexte d’« égalité ». Pour redistribuer, il faut bien commencer par ramasser…

Voilà par quelles arguties et sous quels prétextes prétendument vertueux l’Etat prépare le terrain pour baisser le niveau des pensions et pour reculer toujours davantage l’âge de départ à la retraite. Car tel est, in fine, l’alternative que pose France Stratégie :
« Faut-il agir sur le niveau relatif des retraites, ce qui implique d’accélérer ou d’accroître l’érosion du niveau de vie relatif des bénéficiaires ? Ou faut-il plutôt agir sur le nombre de retraités en continuant à retarder l’âge de départ ? »

Est aussi envisagé le recours à l’impôt :
« Une plus grande mise à contribution des plus âgés peut passer par une réduction des différences de taxation selon l’âge dans le système actuel sans en modifier la structure. Elle peut aussi passer par une réforme plus profonde visant à transférer le financement des dépenses sociales du travail vers d’autres assiettes détenues par les plus âgés (ensemble des revenus, patrimoine) », écrivent les auteurs de la note, qui ajoutent, pour faire bonne mesure : « Il est également envisageable d’accompagner une réorientation des transferts publics par une action visant à modifier – notamment par la fiscalité – les flux de transferts privés (aides familiales, donations, successions, développement du viager). »

Il existe pourtant, à notre avis, une autre possibilité :
laisser aux entreprises françaises les moyens de créer de l’emploi, pour faire baisser le chômage comme s’y était engagé le Président de la République, de telle manière que les jeunes puissent gagner leur vie au lieu d’être assistés par l’Etat socialiste. Ce serait, de loin, la meilleure solution, mais les services du Premier ministre ne semblent pas l’avoir retenue. Comme le disait Manuel Valls en octobre 2014, « la France a une préférence pour le chômage de masse bien indemnisé, c’est un fait ».


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