Les embarras de Delevoye

Le 18 octobre, le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, répondait sur BFM TV aux journalistes Eric Brunet et Laurent Neumann. Il a donné deux précisions qui laissent dubitatif.

  • La première concerne le sort des régimes spéciaux des entreprises publiques. Nous citons Jean-Paul Delevoye : « À métier identique, retraite identique, donc les régimes spéciaux qui ont à répondre à cette équation doivent être supprimés. Ce sera le cas pour la RATP, la SNCF et les énergies électriques. »

Si cette déclaration est suivie d’effet lors de la mise en place de la réforme, nous applaudirons sans arrière-pensée. Mais les représentants de l’Etat ont trop souvent fait des promesses qu’ils n’ont pas tenues, pour que notre méfiance soit désarmée par une déclaration. Seuls les faits nous intéressent.

  • La deuxième précision concerne le calendrier de la réforme. Le haut-commissaire était interrogé à partir d’un article publié par Les Echos, qui, sur la foi d’un document de travail distribué aux syndicats, montrait que le gouvernement envisage divers scénarios alternatifs à une entrée en vigueur de la réforme dès la génération de 1963 – notamment, une réforme qui ne s’appliquerait qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail, autant dire reportée aux calendes grecques.

Dans sa réponse, Jean-Paul Delevoye a daubé sur ce « commentaire de journaliste, qui semble découvrir ce que j’écrivais dès le 10 juillet dans ce document qui s’appelle "mon rapport" (sic) : tout est sur la table, y compris : doit-on réfléchir à ce que la réforme démarre en 1963, ou postérieurement, ou pour les nouveaux entrants ? » Ce qui revient à dire qu’il envisageait déjà au mois de juillet ce scénario alternatif…

« Si c’est les nouveaux entrants, il n’y a pas de réforme », a pourtant déclaré le haut-commissaire sur un ton définitif. Fort bien mais alors, pourquoi, dès le mois de juillet, a-t-il inscrit cette possibilité dans ses documents de travail… ? Nous n’en sommes qu’au stade des préconisations et le gouvernement s’y est déjà ménagé une porte de sortie béante !


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